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Combien de surat dans le coran ?

Combien y a-t-il de surat dans le Coran ? De quoi sont-elles composées et comment les lire ?

Léo

8/26/20257 min temps de lecture

Combien de surat y a-t-il dans le Coran ?

Le Coran, parole d’Allah révélée à Muhammad ﷺ sur environ 23 années, est composé de 114 surat. Une surat, ou sourat / sourate, est un chapitre de longueur variable, subdivisé en versets (âya). Ces 114 surat forment l’ossature du Texte sacré et couvrent des thématiques diverses. Elles vont de très courtes (par exemple la sourate 108 Al-Kawthar, ne compte que 3 versets) à très longues (la sourate 2 Al-Baqarah, en comporte 286). Chaque sourate (à l’exception de la 9ᵉ At Tawbah) débute par la formule « Bismi-llâhi ar-Rahmâni ar-Rahîm » (« Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux »). Cette structure en chapitres et versets facilite la récitation, la mémorisation et l’étude du Coran. Cet agencement fait partie intégrante de la révélation divine, préservée jusqu’à nos jours (Coran 15:9).

La compilation du Coran et l’ordre des surat

Le Prophète dictait lui-même l'ordre des versets

Dès l’origine, le Prophète Muhammad ﷺ dictait à ses scribes chaque verset révélé ainsi que son emplacement exact dans la surat correspondante. D’après une tradition rapportée par ‘Uthmân ibn ‘Affân (qu’Allah l’agrée), « lorsqu’un passage du Coran était révélé, le Prophète appelait un scribe et lui disait : “Place ces versets dans la surat qui mentionne telle et telle chose” ». Et « quand un seul verset était révélé, il ordonnait : “Place ce verset dans la surat qui mentionne telle et telle chose” » (Tirmidhî 3086).

La réunification de toutes les surat du Coran

Après le décès de Muhammad ﷺ, l’ensemble du Coran était déjà mémorisé par de nombreux compagnons et conservé sur divers supports écrits (éclats d’os, peaux, parchemins). Toutefois, afin de ne perdre aucune partie du Texte suite aux guerres et au décès de certains mémorisateurs (houffâdh), le calife Abou Bakr as-Siddîq (qu’Allah l’agrée) ordonna la compilation du Coran en un volume écrit unique (Muṣḥaf). Il confia cette mission au scribe Zayd ibn Thâbit (qu’Allah l’agrée). Zayd rapporte qu’il trouva cette tâche extrêmement ardue : « si Abou Bakr m’avait ordonné de déplacer une montagne, ça n’aurait pas été plus lourd que de rassembler le Coran », mais Allah lui facilita la réussite de ce projet (Boukhari 4986). Zayd collecta tous les fragments et témoignages, et compara avec la récitation des compagnons, jusqu’à réunir le texte intégral dans l’ordre des surat connu. Ce manuscrit fut conservé d’abord chez Abou Bakr, puis chez le calife ‘Omar ibn al-Khattâb (qu’Allah l’agrée), et enfin confié à Hafsa (qu’Allah l’agrée), l’épouse du Prophète ﷺ.

Différentes récitations des surat

Sous le califat de ‘Uthmân (quelques années plus tard), des différences d’accent et de modes de récitation apparurent entre régions. ‘Uthmân (qu’Allah l’agrée) entreprit alors de standardiser les copies du Coran. Il demanda à Hafsa le manuscrit original et chargea Zayd ibn Thâbit, assisté de trois scribes qurayshites, de réaliser des copies fidèles. En cas de divergence dialectale mineure, ils suivirent le dialecte de Quraysh (la tribu du Prophète) car « le Coran a été révélé dans leur langue » (Boukhari 4987). Une fois les copies réalisées, ‘Uthmân les expédia dans les principales régions du Califat et fit détruire les fragments ou copies incomplètes utilisées auparavant, de sorte que toute la communauté utilise le même Muṣḥaf. C’est ce même texte, avec ses 114 surat dans le même ordre, qui est parvenu jusqu’à nous.

La surat At Tawbah

Notons un fait particulier concernant la surat 9 : elle est la seule à ne pas débuter par la basmala. Selon ‘Uthmân, lors de la compilation, il n’était pas clair si la surat 9 constituait une sourate distincte ou la continuation de la surat 8 Al-Anfâl, car le Prophète ﷺ n’avait pas explicitement indiqué de basmala pour la séparer. Étant donné que Al-Anfâl (révélée parmi les premières à Médine) et At-Tawba (révélée tout à la fin) traitent de sujets similaires, les compagnons ont placé ces deux chapitres à la suite l’un de l’autre, sans ligne de séparation ni basmala entre eux, et les ont inclus tous deux parmi les “sept longues surat” du début du Coran (Tirmidhî 3086).

Hormis ce cas particulier, l’ordre de toutes les autres surat dans le Muṣḥaf fait l’unanimité depuis l’époque des Compagnons – un ordre que le Prophète ﷺ lui-même a récité intégralement avec l’ange Jibrîl chaque Ramadan, et deux fois durant le dernier Ramadan avant sa mort (Boukhari 4998).

Les noms des surat et leur origine

Les noms des surat ne font pas partie du Coran

Chacune des 114 surat porte un nom (en arabe) qui sert à l’identifier. Ces titres ne font pas partie du texte révélé lui-même, mais ils étaient employés par le Prophète ﷺ et les Compagnons pour désigner telle ou telle surat. La plupart des noms proviennent d’un mot marquant ou d’un thème saillant dans le chapitre. Par exemple, la sourate 2 s’intitule Al-Baqarah (« La Vache »), en référence à l’ordre d’Allah d’immoler une vache, histoire rapportée aux versets 67-71 de cette surat (Coran 2:67). De même, la surat 19 porte le nom de Maryam, car elle relate en grande partie la vie de Maryam, mère de ‘Îsâ, que la paix soit sur eux. D’autres titres évoquent un concept clé : ainsi la surat 112 s’appelle Al-Ikhlâs (« Le Monothéisme Pur »), car elle est entièrement consacrée à l’unicité d’Allah

Certaines surat ont plusieurs noms

Plusieurs surat peuvent aussi avoir des surnoms additionnels. Par exemple, la première surat Al-Fâtiha (« L’Ouverture ») est aussi nommée Umm al-Kitâb (« la Mère du Livre ») ou As-Sab‘ul Mathânî (« les Sept versets répétés »). Le Prophète ﷺ a d’ailleurs déclaré à son propos : « Ne t’enseignerais-je pas la plus grande surat du Coran ? (…) [Il s’agit de] “Al-ḥamdu li-llâhi Rabbi l-‘âlamîn”… qui est les sept versets que l’on répète sans cesse, et le Grand Coran qui m’a été donné » (Boukhari 5006). Cette parole prophétique témoigne que le nom et le statut particulier de Al-Fâtiha étaient bien établis. De même, le Prophète ﷺ parlait de « sourate Al-Baqarah » et de « sourate Âl ‘Imrân » en encourageant leur lecture, intercéder en faveur de ceux qui les récitent (Muslim 804) – preuve que ces noms étaient déjà en usage à son époque.

Ordre de lecture vs ordre chronologique des révélations

L'ordre des surat n'est pas chronologique

L’ordre dans lequel les sourates apparaissent dans le Coran (de la 1ʳᵉ, Al-Fâtiha, à la 114ᵉ, An-Nâs) ne correspond pas à l’ordre chronologique de leurs révélations. En effet, le Coran a été révélé graduellement au Prophète Muhammad ﷺ sur 23 ans, en fonction des événements et de la pédagogie divine. Les premières révélations eurent lieu à La Mecque, alors que le Prophète méditait dans la caverne de Hirâ. Selon ‘Aïcha (qu’Allah l’agrée), la toute première fut l’injonction de lire « Iqra’ bismi Rabbika… »les versets initiaux de la sourate Al-‘Alaq (96:1-5), révélés à Muhammad ﷺ par l’ange Jibril. Ces premiers versets appelaient à la connaissance et évoquaient la création de l’homme, marquant le début de la Prophétie (Boukhari 3).

Les premières surat parlaient de la foi

Durant les années mecquoises (610-622), la majorité des sourates révélées étaient relativement courtes et portaient sur la foi fondamentale : l’unicité d’Allah, la vie après la mort, le Paradis et l’Enfer, la patience face à l’adversité, etc. ‘Aïcha explique que « la première chose révélée fut une surat du Mufassal (chapitres brefs) qui parlait du Paradis et de l’Enfer », afin d’ancrer la foi dans les coeur. Ce n’est que plus tard, « quand les gens embrassèrent l’Islam », que les versets contenant lois et interdictions descendirent (Boukhari 4993). Par sagesse, Allah n’a pas imposé d’emblée des injonctions difficiles aux premiers croyants. ‘Aïcha souligne par exemple que si le verset interdisant le vin était arrivé tout au début, les gens n’auraient peut-être pas pu s’y plier. Allah a donc d’abord purifié les âmes par la foi avant de révéler graduellement les obligations religieuses.

Après l'Hégire vinrent les législations

Après l’Hégire à Médine (622-632), les révélations coraniques devinrent plus longues et plus législatives. Des chapitres comme la surat 2 (Al-Baqarah), la 3 (Âl ‘Imrân) ou la 4 An-Nisâ’ furent révélés pendant cette période médinoise. Ils traitent de règles de vie communautaire, de droit familial, d’éthique, etc., reflétant le développement de la jeune communauté musulmane. En revanche, de nombreuses surat courtes de la fin du Coran (par exemple dans le 30ᵉ juz) proviennent de la période mecquoise initiale, avec un style fervent appelant les cœurs à Allah.

L'ordre des surat n'est pas un hasard

Malgré cela, l’ordre final des surat dans le Muṣḥaf n’obéit ni à la chronologie ni à la simple taille des chapitres. Il résulte en fait d’un agencement voulu par Allah et transmis par Son Messager ﷺ. Le Prophète connaissait à chaque instant la place de chaque passage nouvellement révélé par rapport aux précédents. Il enseignait le Coran à ses compagnons exactement dans cet ordre, et chaque année durant le mois de Ramadan l’ange Jibrîl venait réviser avec lui l’intégralité du Texte. Dans l’ultime Ramadan de sa vie, Jibrîl fit même deux lectures complètes du Coran avec le Prophète (signe que sa mission touchait à sa fin) (Boukhari 4998). Nous avons donc confiance que l’ordre des surat tel que nous l’avons hérité est conforme à la volonté d’Allah.

Nous sommes libres de lire le Coran dans le désordre

Enfin, il est important de noter que l’ordre de lecture du Coran n’est pas obligatoire dans la pratique personnelle. Autrement dit, on peut lire et réciter les surat dans un ordre différent sans que cela ne pose de problème. « Peu importe par quelle partie tu commences », répondit ainsi ‘Aïcha à un homme qui s’inquiétait de l’ordre « non ordinaire » des surat dans certaines récitations. Le Prophète ﷺ lui-même, dans certaines prières nocturnes, récita plusieurs chapitres dans un ordre non séquentiel connu – preuve qu’il est permis de parcourir le Coran de façon non linéaire. Néanmoins, pour apprendre le Coran et surtout pour le terminer en entier (khatm), il est recommandé de suivre l’ordre du Muṣḥaf de la première à la dernière surat, afin de n’oublier aucune section.