Sourat Al Baqara · 2 البقرة

Introduction à sourat Al baqara

Sourat Al baqara est la deuxième sourate du Coran et la plus longue, avec 286 versets. Révélée à Médine après l’Hégire du Prophète Muhammad ﷺ, elle porte le nom d’Al-Baqara qui signifie « la Vache », en référence à l’histoire de la vache des Enfants d’Israël racontée en son sein. Cette sourate Al baqara aborde un vaste éventail de sujets spirituels, historiques et juridiques. Allah y a rassemblé de nombreux enseignements essentiels pour guider l’humanité.

Contexte de révélation de sourat Al baqara

Le contexte historique de sourat Al baqara est celui des débuts de la communauté musulmane à Médine. Après l’installation du Prophète Muhammad ﷺ et des Muhâjirûn (émigrés) à Médine, Allah a révélé cette sourate progressivement pour instruire et structurer la jeune communauté islamique. Sourat Al baqara s’adresse aux musulmans mais aussi aux Juifs et chrétiens présents à Médine à l’époque, rappelant le sort des peuples passés et confirmant la continuité du message divin. Elle évoque abondamment les Enfants d’Israël, soulignant leurs alliances avec Allah et leurs manquements, afin de mettre en garde la communauté et d’en tirer des leçons. De nombreux versets de sourat Al baqara ont ainsi été révélés pour répondre à des situations concrètes : le changement de la qibla (direction de la prière) de Jérusalem vers la Ka’ba à La Mecque est ordonné ici, tout comme l’institution du jeûne du Ramadan et d’autres dispositions législatives. Par ailleurs, selon la tradition, c’est dans sourat Al baqara que se trouve le dernier verset révélé du Coran – « Craignez le Jour où vous serez ramenés vers Allah… » (verset 281) – descendu peu avant le décès du Prophète ﷺ (An-Nasa’i).

Thèmes principaux de sourat Al baqara

Sourat Al baqara présente une immense richesse thématique, reflétant sa fonction de guide complet. Parmi les thèmes principaux, on peut citer :

La foi et la guidance

Dès les premiers versets, Allah présente le Coran comme une guidance pour les pieux. Sourat Al baqara distingue trois catégories d’individus face à la foi : les croyants sincères, les mécréants qui rejettent la vérité, et les hypocrites qui prétendent croire tout en semant la corruption. Allah y insiste sur la foi au monde invisible (les Anges, le Destin, le Jour du Jugement) et sur la croyance en toutes les Écritures révélées et tous les prophètes sans distinction.

Les récits et le rappel des leçons du passé

Allah rappelle dans sourat Al baqara de grandes histoires des générations antérieures pour servir d’exemples. On y trouve le récit de la création d’Adam et Awa, de leur épreuve face à Iblis, mais surtout l’histoire qui donne son nom à la sourate : l’anecdote de la vache à l’époque du prophète Mûsâ). Allah avait ordonné aux Enfants d’Israël de sacrifier une vache pour résoudre un meurtre mystérieux, et leur propension à tergiverser et à discuter sans obéir promptement est vivement critiquée (versets 67-74). D’autres récits édifiants parsèment la sourate, tels que l’épreuve du roi Tâlût et du jeune Dâoûd contre Jalût, ou encore les invocations du prophète Ibrâhîm en faveur de la Ka’ba et de sa descendance. 

Les lois sacrées et l’éthique

Sourat Al baqara renferme de nombreux versets législatifs qui posent les fondements du droit et de la morale en Islam. C’est dans cette sourate qu’Allah ordonne la prière régulière (salât) et la zakât (charité aux pauvres), qu’Il prescrit le jeûne de Ramadan (verset 183) et qu’Il légifère sur le pèlerinage (Hajj). On y trouve aussi des règles sur le mariage, le divorce et la période d’attente (`iddah), sur l’interdiction de l’usure (ribâ) et l’importance de l’équité dans les transactions. D’ailleurs, le verset le plus long du Coran est dans sourat Al baqara : le verset 282, qui établit avec minutie les règles de l’endettement et l’exigence de rédiger les dettes devant témoins. Sur le plan de l’éthique individuelle, sourat Al baqara insiste sur la patience face aux épreuves ( « Nous vous éprouverons certes par un peu de peur, faim, perte de biens, de personnes et de fruits…» ), sur la constance dans la prière, la gratitude envers Allah, et la dépense pour Lui plaire. Elle proclame aussi de grands principes humanistes, par exemple la célèbre déclaration « Nulle contrainte en religion » (verset 256), affirmant que la foi ne peut être imposée.

Le monothéisme et la relation à Allah

Tout au long de sourat Al baqara, Allah affirme l’unicité de Sa seigneurie et invite les hommes à L’adorer Lui seul. Le verset du Trône, Ayat al-Kursî (verset 255), en est l’exemple le plus éclatant : il décrit la puissance absolue d’Allah, « le Vivant, subsistant par Lui-même » dont le Trône s’étend sur les cieux et la terre, un verset d’une éloquence et d’une profondeur inégalées. Le Prophète Muhammad ﷺ a d’ailleurs désigné Ayat al-Kursî comme le plus grand verset du Coran (Muslim 810). Ce verset trônant au cœur de sourat Al baqara est mémorisé et récité par les musulmans pour fortifier leur foi en l’omnipotence d’Allah et rechercher Sa protection.

Importance spirituelle et vertus de sourat Al baqara

Au-delà de ses enseignements doctrinaux et juridiques, sourat Al baqara a une place privilégiée dans la spiritualité musulmane en raison des nombreuses vertus qui lui sont associées. Le Prophète Muhammad ﷺ en a vanté les mérites dans plusieurs hadiths authentiques, incitant les croyants à la réciter fréquemment. En voici quelques exemples frappants :

• Protection contre Satan : « Ne faites pas de vos maisons des cimetières. Certes, le diable (Shaytân) fuit la maison où sourat Al baqara est récitée » a enseigné le Prophète ﷺ d’après Abû Hurayra (Muslim 780).

• Un bienfait et un rempart contre la sorcellerie : Le Messager d’Allah ﷺ a affirmé : « Récitez sourat Al baqara, s’attacher à elle est une bénédiction, la délaisser est un regret, et les sorciers ne peuvent rien contre elle » (Muslim 804).

• Intercession le Jour du Jugement : Dans le même hadith, le Prophète ﷺ a comparé sourat Al baqara (ainsi que la sourate suivante, Âl ‘Imrân) à deux nuées ou deux volées d’oiseaux qui viendront plaider en faveur de leurs réciteurs le Jour de la Résurrection (Muslim 804).

Versets particuliers : Ayat al-Kursî et les deux derniers versets

Certains passages de sourat Al baqara se distinguent par leur mérite et les bienfaits spécifiques liés à leur récitation. Deux exemples notables sont Ayat al-Kursî (le Verset du Trône, 2:255) et les deux derniers versets de la sourate (2:285-286), connus sous l’appellation « Âmana ar-Rasûlu ».

• Ayat al-Kursî (2:255) : Comme mentionné plus haut, ce verset est considéré comme le plus grand du Coran en raison de la description sublime qu’il offre d’Allah et de Ses Attributs (Muslim 810). Sa récitation est un formidable bouclier spirituel. Un hadith authentique rapporte que même le diable reconnaît le pouvoir protecteur de ce verset : lorsqu’un voleur (qui était en réalité un démon) fut capturé par Abû Hurayra près des stocks de zakât, il lui confia : « Quand tu vas te coucher, récite Ayat al-Kursî, ainsi Allah te protègera et aucun démon ne t’approchera jusqu’au matin. » Informé de cette astuce, le Prophète Muhammad ﷺ confirma la véracité des paroles du démon repenti en disant : « Il a dit vrai bien que ce soit un grand menteur ! » (Bukhari 5010).

• Les deux derniers versets (2:285-286) : Ces versets conclusifs de sourat Al baqara constituent une synthèse de la foi du croyant et une sublime invocation. Le Prophète Muhammad ﷺ a enseigné qu’ils sont un cadeau céleste d’Allah à Sa communauté : d’après un hadith, ces deux versets ont été révélés au Prophète lors de l’Ascension nocturne, depuis un trésor gardé sous le Trône d’Allah, et « quiconque les récite pendant trois nuits chez lui, aucun démon n’en approchera » (Tirmidhi 2882). Ils comprennent d’une part la profession de foi des croyants en Allah, en Ses anges, en Ses livres et en Ses messagers, sans aucune distinction (verset 285), et d’autre part une prière fervente pour implorer le pardon, la miséricorde et l’aide d’Allah (verset 286). Les mérites de ces deux versets sont immenses : le Prophète ﷺ a assuré que « quiconque récite les deux derniers versets de sourat Al baqara la nuit, cela lui suffira » (Bukhari 5009). Les savants expliquent que cette récitation nocturne suffit soit à protéger le croyant des maux durant la nuit, soit à lui tenir lieu de prières surérogatoires et d’invocations.